La dépendance affective – Point de vue de « space-holder » et « d’initiateur tantrique »
Nous rencontrons souvent des personnes dans des moments critiques ou très émouvants de leur vie. Nous ouvrons nos cœurs et apportons soutien, ouverture, amour, compassion et toucher à tous ceux qui s’y sentent prêts, dans des espaces où ils peuvent se sentir libres et acceptés tels qu’ils sont. Et bien sûr, nous essayons de garder nos propres limites dans ce domaine.
Comme nous avons pu l’apprendre au cours des stages de groupe et des sessions individuelles : certaines personnes, ou la plupart d’entre elles, n’ont jamais fait l’expérience de ce type d’ouverture et d’amour inconditionnels. Pour certains, cela ressemble à une ancre salvatrice – ils cherchent désespérément une solution dans leur vie personnelle et placent tout l’espoir de cette solution ou de ce soutien dans des espaces comme celui que nous offrons, ou dans d’autres personnes.
Et c’est là que réside un danger : Le danger de penser que quelqu’un ou quelque chose d’autre peut nous rendre heureux. « Si cette personne fait ou dit ceci, je me sens mieux… J’ai besoin de cette personne pour sortir de ma misère », « Je ne me sens bien que lorsque je fais ceci ou cela… Je dois réserver le prochain événement ». C’est à ce moment-là que commence la dépendance affective. C’est le moment où nous commençons à confier notre responsabilité et notre pouvoir à quelqu’un d’autre.
Mais attention, ne nous comprenez pas mal : Le PARTAGE des sentiments et des émotions entre amis et amoureux est une belle chose. Mais si ce BESOIN d’être en lien avec quelqu’un d’autre est le seul moyen de se sentir bien, alors nous pouvons considérer qu’il y a quelque chose en nous qui est déséquilibré. Que nous ne sommes pas capables de nous nourrir nous-mêmes.
Les conséquences de la dépendance affective sont diverses : ne pas se sentir assez bien, se sentir « trop… », vide, mal aimé ou abandonné, si nous rencontrons la limite de quelqu’un d’autre en recevant un « non ». Ce moment révèle à quel point la personne qui vit ce processus est consciente de sa dépendance.
Il est intéressant de connaître les signaux interne qui montre une dépendance affective. Plus vous êtes conscient, plus vous aurez l’occasion de prendre soin de vous et de retrouver votre propre force.
Les signaux ( ne pas se sentir assez bien, se sentir « trop… », vide, mal aimé ou abandonné…) se déclenchent en général lorsque vous rencontrez la limite de quelqu’un d’autre.
Et dans le cas où la dépendance n’est pas consciente, les conséquences peuvent être intérieures (validation des traumatismes et reconnexion aux sentiments déjà mentionnés) et/ou extérieures (rendre l’autre responsable, blâmer, agresser et ainsi créer des histoires sur l’autre).
Nous aimerions donc vous encourager : Si vous observez quelque chose de ce genre en vous, vous pouvez vous poser quelques questions :
- Qu’est-ce que je pense que l’autre peut m’apporter, ce que je ne peux pas m’apporter moi-même ?
- Est-ce vraiment sa faute si je me sens comme je me sens en ce moment ?
- Est-ce que j’ai déjà vécu des situations similaires dans mon passé ?
- Quel est le manque que je ressens ?
- Quel est le besoin qui se trouve derrière ce manque ?
- Comment puis-je le nourrir de façon autonome
Pourquoi avons-nous décidé d’aborder cette question ?
En tant qu’organisateur, »space-holder », ou initiateur, nous observons parfois que certaines personnes développent une sorte de dépendance affective à notre égard. Elles veulent passer de plus en plus de temps avec nous, elles offrent leur aide, des cadeaux ou de l’argent afin de recevoir en retour quelque chose qui pourrait combler leur besoin d’amour et de reconnaissance. Malheureusement, nous avons déjà beaucoup d’obligations et de responsabilités et nous sommes limités par rapport à l’attention que nous pouvons offrir à chacun.
S’il vous plaît, ne nous comprenez pas mal : Nous chérissons et apprécions chaque minute que les gens nous donnent, chaque cadeau, chaque attention, chaque beau mot que nous apprécions beaucoup ! Cela nous nourrit énormément ! Mais nous voulons encourager tout le monde à le faire à partir d’un « moi épanoui », et non d’un manque. Et nous aimerions avoir le choix de rencontrer l’autre aussi par notre désir volontaire d’offrir un cadeau, et non par obligation.
Nous sommes tout à fait conscients que cela peut arriver à tout moment à n’importe qui – à nous ou à vous.
Et comme nous n’avons pas envie de créer une dépendance affective avec qui que ce soit, nous avons été inspiré d’écrire cet article afin de donner une impulsion à ce groupe pour que chacun se regarde de plus près et amène plus de conscience sur soi-même. Lorsque vous apportez un cadeau, ou que vous offrez de votre temps, donnez-vous vraiment quelque chose par épanouissement et par joie ou dans l’espoir de recevoir quelque chose en retour ? Avez-vous l’impression que vous rendez les autres responsables du fait que vous ne vous sentez pas bien ? Avez-vous l’impression que quelqu’un vous prend quelque chose, alors qu’il ou elle vous fait en réalité un cadeau ?
Nous aimerions grandir avec vous tout en respectant notre propre rythme et nos propres capacités. Ce que nous pouvons vous offrir : vous encourager à partager avec nous, lorsque vous vous sentez déclenché émotionnellement. Nous vous écoutons, nous en parlons, nous partageons des outils pour vous aider à retrouver l’équilibre et l’amour de vous-même. Nous sommes très heureux de soutenir les gens dans cette démarche. Mais c’est à chacun d’agir pour changer les choses. Nous ne pouvons et ne voulons pas prendre la responsabilité de « rendre quelqu’un heureux ». Même dans notre couple ou dans notre famille nous choisissons de ne pas prendre cette responsabilité. Mais nous pouvons aider à trouver le bon chemin vers la responsabilité personnelle.
Stéfanie et Nicolas – 22 juin 2023